Janvier/Février

Dimanche 1er janvier, 23h30
Derniers moments partagés avec la petite famille paternelle. Déception au restaurant Le Pique Assiette, plusieurs fois fréquentés : service lent et mets mal préparés. Les lauriers d’une fréquentation toujours abondante commencent à renifler la facilité. Bien dommage. Le maître d’œuvre du service, un grand gaillard convivial, a dû ressentir notre mécontentement croissant : après un début très présent, blagueur, il s’est effacé sans demander son reste.
Les demi-frères poussent. Alex tutoie la préadolescence et Raph égrène son âge de raison. Touchant d’observer les mimiques du grand petit absorbé par une bande dessinée, entraîné dans ses élans imaginatifs, catalysé par les jeux partagés avec son grand frère.
Le temps filant ne nous préserve en rien… le tournis nous enveloppe dès la conscience arrêtée sur le cumul des blocs de vie.
RAS côté actualité abandonnée pour ce premier jour.

Mardi 3 janvier

9h30. L’actualité maigre (selon le prisme médiatique) permet à un sondage d’occuper une belle place sur les ondes et dans les journaux : les Français placent feu Fanfan désagrégé à la tête du palmarès des plus grands présidents de la Cinquième, avec cinq points de mieux que le grand Charles ! Voilà du bouleversant. A quelques jours (le 8) de l’anniversaire des dix ans de sa disparition, voilà une victoire qui l’aurait comblé.

Vendredi 6 janvier, 22h50
Semaine dominée par la dégradation de santé d’Ariel Sharon. Cette figure controversée, mais transfigurée dans ses récents choix, est anéantie, en plein projet de sortie du conflit israélo-palestinien, par ses failles intérieures. Peut-être une chance de sang vraiment neuf et vierge de toute implication violente pour négocier avec l’interlocuteur fréquentable de l’autorité palestinienne. Peut-être, au contraire, le désastre d’une retombée dans l’incertitude, soupe adorée des extrémistes sanguinaires. Ne restera plus que Shimon Peres comme personnalité politique ayant accompagné toute l’histoire d’Israël, récente mais dense…

Dimanche 8 janvier
Fanfan Mité : dix ans déjà ! Voilà le titre de la page d’accueil de mon site Indignation. Suivent huit pages d’extraits de mon Journal qui donnent à l’anniversaire un goût de vitriol.
Hier, soirée à la brasserie des Brotteaux en compagnie d’Aline, de son compagnon Pedro et de leurs amis (trois couples et un célibataire) : ils nous annoncent leur mariage pour le premier avril (!) et la naissance d’un bébé la dernière quinzaine de juillet. Voilà du bouleversement de vie complété par l’installation à Lyon de la future maman.
Des couples sympathiques (en majorité d’origine italienne côté masculin) qui n’ont pas empêché ma perdition morose toute la seconde partie du repas. Causes diffuses possibles : le sujet appuyé du nourrisson à venir, le comportement bruyant, festif à l’italienne, d’un convive au demeurant agréable, ou le sentiment d’être à la marge dans ce trop-plein de complicité… trop confus pour une identification marquée.
Aline a tout de même fait part de ses regrets de quitter Paris, de devoir donner sa démission de son poste en or… une façon, devant témoins, de mettre la pression à l’adorable Pedro, toujours zen… Ma BB a semblé parfaitement détendu et à son aise.
Nous attendons le couple vers seize heures pour une épiphanie païenne : galette et cidre au programme.

Dimanche 22 janvier
Ce jour, quarante ans que les parents B ont uni leur destin devant les officiels. Hier nous fêtions cela au restaurant du château de Clermont dans la salle de Funès. Pour l’occasion nous chantons les quatre couplets rédigés lors du voyage en TGV (deux heures) sur l’air joyeux de La chasse aux papillons et intitulé L’onde émeraude en hommage à la couleur de leurs noces.
Bons moments des douze convives festoyant : Grâce et Albert sont remplacés (suite à l’opération de l’appendice de ce dernier) par de gentils voisins qui nous accueillent dans leur petit chalet édifié sous l’appellation « cabanon de bois » pour leurs grands garçons. En fait, tout le confort d’une petite habitation. Ce midi nous déjeunons chez l’amie de BB, Laure, et demain à l’aube retour à Lyon. Du séjour exprès qui donne un peu le tournis.
Ma BB est opérée de sa thyroïde défectueuse le 8 février, suivi d’un mois d’arrêt. Du factuel essentiel pour moi.

Jeudi 26 janvier
Le Conflit de 100 ans ?
Le « terrorisme démocratique » (selon l’excellent Yves Calvi) ou le « pragmatisme islamiste » selon la rectification d’un de ses invités ? Le Parlement palestinien accueille, en tout cas, les membres du Hamas à une majorité absolue. L’imbroglio politique qui s’annonce, tant pour la gestion des affaires intérieures que pour la posture internationale et la coexistence avec Israël, risque de dégénérer en nouvel enlisement. Ce conflit semble sur la bonne voie pour détrôner, dans la longévité, les luttes franco-anglaises des XIVe et XVe siècles ; quoi qu’il arrive, elle les a largement dépassées en intensité. A suivre donc…

Vendredi 3 février
A l’esplanade Albert Camus pour découvrir le spectacle Soul Music Story avec Bonny. Invité par Eddy, une grosse machine de spectacle qu’il va falloir rentabiliser. Ma BB, au labeur ce week-end, n’a pu m’accompagner. Pour une prochaine prestation… A voir la salle clairsemée, je doute de la rentabilisation. Dur, le spectacle, dans ces conditions. Le professionnalisme souffre du manque de notoriété.
Les intégristes islamistes déteignent sur les croyants lambda : nous imposer le bâillon sur tout sujet frôlant leur religion. Atteinte insupportable à la liberté d’expression qu’il faut vomir au plus vite. Les émules de la surenchère s’organisent pour provoquer le choc des cultures, l’écharpage entre religieux d’un côté, agnostiques et athées de l’autre… Une impasse au goût de tous les excès où s’abreuvent les jusqu’aux boutistes au Coran hérissé. La croisée des voies accentuera un peu plus l’antagonisme et justifiera toutes les violences.
Point d’écart en sus pour attiser la culbute programmée… juste la rage contre ces arriérés du culte. Incapacité de ces dévots de la terreur à englober la complexité du spirituel multiforme chez l’humain.
La virevolte sur scène a dépassé les espérances. Une symbiose musicale s’ouvrant au fil des tableaux rythmés, les spectateurs n’osant peut-être pas suffisamment exploser l’ambiance sans retenue. Musiciens habiles, voix aux timbres envoûtants, costumes en cascade… du grand spectacle d’une troupe qui se doit d’atteindre la notoriété.
Etre plongé dans les prémices d’une aventure créatrice laisse présupposer l’amplitude de la cohorte des artistes anonymes. L’émergence dans l’enthousiasme n’occulte pas la mise au point heurtée dans les coulisses, les humeurs à concilier les concessions pour une progression.
Restent présentes les familles des artistes. Moi je fais le témoin incongru qui glane au gré du brouhaha ambiant. Pitrerie de ma posture, mais je m’efface pour mieux croquer.
Au loin, entraperçu la fille de Bonny, qui pousse toujours ; petite marque d’affection de la mère d’Eddy qui se souvenait de ma présence au Clos du chêne ; quelques regards croisés avec tel ou tel visage familier… A noter : aucune dérive bougonne dans mon isolement de fait. Un exploit de caractère…
La capacité humaine aux bavardages me sidère. Je tente de rester alerte par l’écriture, mais je me tarirais rapidement embarqué dans un échange de ce genre, sauf en phase de séduction… Hors sujet ici. Les visages s’éclipsent peu à peu alors que mes dérives s’ankylosent.

Dimanche 5 février, 23h05
Cette semaine, mercredi exactement, ma BB va « se faire trancher la gorge » comme elle aime à l’ironiser : opération pour lui retirer sa thyroïde, en tout ou partie selon ce que révèlera l’analyse au moment de l’intervention. Malgré la banalité du cas, je garde une petite inquiétude. Un passage à l’hôpital n’est jamais anodin et peut très vite basculer dans le dramatique. N’attisons pas trop l’angoisse tout de même.

Réactions caricaturales !
Alors que notre hexagone va mollement, et très partiellement, s’agiter contre le CPE, la mayonnaise des intégristes islamistes élargit ses emprises avec les dessins de presse danois stigmatisés.
Que ce monde des religions en étendards de braillards haineux m’insupporte. Qu’il faudrait se montrer impitoyable avec ces dangereux agités. Notre mollesse humaniste nous perdra. Ces ennemis de notre civilisation ne méritent aucun égard : les écraser au moment où ils se foutent le cul en l’air, voilà la seule politique étrangère qui doit nourrir notre relation à ces contrées. Terminé la tolérance de ces potes complices du pire.
A-t-on jamais vu ces musulmans se mobiliser avec pareille passion pour hurler leur dégoût, leur exécration, leur haine de ceux qui utilisent les voies terroristes en se réclamant de l’Islam ? Le blasphème suprême n’est-il pas là plutôt que dans une dénonciation humoristique de ces dérives sanguinaires ? Si ce n’est pas la démonstration de l’infinie connerie humaine, notamment des brebis hideuses d’Allah, de Mahomet et toute la troupe divinement imaginée, alors il ne reste plus qu’à chier un bon coup sur ces nuisibles et à se torcher avec leurs textes sacrés… nom de dieu !

Samedi 11 février, Minuit trente

Les borborygmes de Burgaud
Alors que nos consciences allaient s’émouvoir de l’effondrement apocalyptique du WTC, l’année 2001 voyait naître une affaire qui, quelques années plus tard, s’imposerait comme un onze septembre judiciaire, un « désastre » qui pousserait enfin à l’avant-scène accusatrice la si intouchable institution judiciaire.
Le point d’orgue de cette catharsis à vocation réformatrice qu’est la Commission d’enquête parlementaire, s’incarne dans les quelque sept heures d’audition monocorde du repoussant Burgaud. Ce petit juge d’instruction, c’est d’abord un physique maladif pour l’occasion : pâleur extrême, voûté et bras croisés durant sa défense, une tête juvénile mais aigrie par la hargne rentrée. C’est ensuite une voix et d’insupportables bruits de salive : aucune texture aimable, mécanique déshumanisée, désincarnation du timbre ; des interruptions constantes pour avaler sa salive et reprendre en hésitant son piètre discours. Une présence nauséeuse donc…
A cette forme qui entête et révulse s’ajoute une inanité argumentative qui s’accroît au fil des interrogations des parlementaires. Parti pris d’entrée de ne pas se remettre en cause, ou tellement à la marge que cela s’auto-neutralise : après quelques minutes, en amorce, de pseudo compassion pour les acquittés, de longues heures de logorrhée verbale hésitante, brouillonne, ou la technique ne parvient même plus à dissimuler la médiocrité humaine du personnage.
Bien sûr qu’il n’est pas seul en cause, et qu’avant tout c’est le système judiciaire qu’il faut révolutionner, mais cette source multifactorielle ne dédouane en rien le triste magistrat.
A le voir, pitoyable, ne pouvoir défendre son instruction qu’entre bredouillements et silences démunis, se réfugiant derrière de frêles antiennes (les faits « graves et concordants ») ou son exposé préalable (« comme je l’ai indiqué tout à l’heure »), on frémit en imaginant le calvaire des acquittés. Les justes remarques du rapporteur de la Commission auront dévoilé le grand vide de ce pâlot morbide qui persiste à soutenir ses malfaisances professionnelles.
Mais le Burgaud n’est pas une brebis galeuse : il est le parangon d’une cohorte déshumanisée servie par un système vicié. Pour exemple que l’ENM forme des techniciens du droit sans se soucier de leur bon sens éthique et de la présence de qualités humaines basiques : j’ai connu un actuel substitut de procureur (en marche normale vers le poste supérieur) qui, avant son serment, avait tenté de violer sa sœur, battait ses petites amies, trompait son monde, défendait le pire, arrogant et fielleux, et qui goûte aujourd’hui à l’enivrant pouvoir sur la liberté des gens…
Burgaud n’est pas seul, tremblez citoyens !

Samedi 18 février

Relents judiciaires
Il fallait s’en douter, le gratin judiciaire monte sur ses ergots jugeant que l’ouaille Burgaud a été mal traitée par nos parlementaires. Le magistrat instructeur a justifié une bonne part de ses inconséquences professionnelles par sa scabreuse et intime conviction « d’indices graves et concordants », selon la formule consacrée devenue légitimation automatique de monomanies opportunistes ; le Conseil supérieur de la magistrature met lui en devanture la sacro-sainte séparation des pouvoirs, quitte à crotter l’esprit de Montesquieu.
Vieille dérive pavlovienne des détenteurs de notre liberté : lorsqu’un membre de leur corps s’illustre par l’exercice aberré de ses responsabilités, on le mute avec une ‘tite promotion d’usage. Pour noyer le poisson : le prendre à revers de toute logique élémentaire. Pour les pires, le CSM daigne s’occuper de leur cas, mais en veillant à ce qu’aucun autre corps constitué n’empiète sur ses pouvoirs. Voilà un cloisonnement qui sert la maison Justice puisqu’elle juge elle-même ses brebis dévoyées comme ses pourritures manifestes.
L’administration, jusqu’à la fin du XIXe siècle, a également bénéficié du délire révolutionnaire en jugeant elle-même les différends avec les administrés. Cela a fini par choquer, et nous avons établi une indépendance de jugement avec les juridictions administratives. Le temps de la séparation de ceux qui sanctionnent des magistrats fautifs n’est-il pas arrivé ?
Que reproche-t-on à Philippe Houillon, le rapporteur de la Commission parlementaire ? D’avoir poussé dans ses contradictions l’imprécis et balbutiant Burgaud ? Il fallait donc gober toutes ses incohérences, digérer en les magnifiant ses manifestes inaptitudes, ne jamais mettre en exergue les erreurs criminelles (cela a conduit à de la prison préventive injustifiée et a, indirectement, provoqué deux décès) de sa démarche… En somme, dénaturer une mission d’enquête en saponifiante complaisance pour ne surtout pas brusquer l’infecte ouaille.
Que tous ces magistrats cogitent un moment au scandale absolu, insoutenable, qu’aurait représenté la mollesse parlementaire envers Burgaud, Lecygne and Cie après l’audition des acquittés. Qu’aurait souhaité le CSM ? Une collusion puante du politique et du judiciaire pour minimiser au maximum les dérives ? Comment faire autrement que pointer sans concession les fameux « indices graves et concordants » qui démontrent la pratique inquisitoriale et uniquement à charge d’un Burgaud persuadé, à vingt-neuf ans, d’avoir l’affaire de sa carrière ?! Ce désastre tient d’abord - à bas les œillères ! – à une sordide ambition d’un petit juge tout frais sorti de l’école, prêt à détourner à son profit les règles de l’instruction : c’est cela et avant tout cela ! Le « mythe de la pédophilie » clamé par le procureur (quel révisionnisme indigne d’une réalité sociale pour dédouaner le système judiciaire !) s’effondre immédiatement lorsqu’on jauge la démarche de Burgaud, mais ça, l’institution à la balance vacillante ne veut pas l’entendre, comme elle refuse de purger ses conduites malodorantes.
Gare au gorille…

Lundi 20 février, 0h20
Vendredi vers dix-huit heures, papa fait un petit accident vasculaire qui lui fait perdre brièvement conscience et le prive de l’expression orale. Il a passé le week-end à l’hôpital Lariboisière pour quelques analyses approfondies, jusqu’à un IRM qui révèlera la rupture d’une petite artère située au-dessus de l’arcade et qui alimente une toute petite partie du cerveau.
Eu au téléphone, la voix semble claire, et son impatience à sortir des lieux rassure sur sa santé. Angoisse perceptible cependant (sa maman, à son âge, n’était déjà plus de ce monde) qui l’incline à remettre en exergue sa volonté d’arrêter de fumer. Combien de temps résistera cette urgence à pérenniser face au stress de sa vie professionnelle ? Espérons ad vitam…
Maman et Jean sont arrivés en début d’après-midi (ils n’étaient venus qu’une fois chez nous) et restent à Lyon jusqu’à mercredi matin.
Voilà du factuel affectif qu’il me fallait inscrire.
Ma ‘tite semaine de vacances, interrompue vendredi après-midi par une intervention à Forpro, va filer à grande vitesse : ne surtout pas laisser pour les derniers instants les corrections, rangements et préparations à accomplir. Voilà du bien basique qu’il faut assumer sur ces pages au contenu hétéroclite.

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