Mai/Juin

Mardi 2 mai
Fontès pour une petite semaine de jours ouvrables. Le temps de faire découvrir à ma BB quelques sites remarquables de l’Hérault sur les conseils combinés (mais successifs) de maman par un courriel et de l’oncle Paul hier soir.
Ma chère grand-mère garde la forme pour une vénérable de 93 ans.
Vers les 22 heures, nous avons partagé un Château Mazers avec Paul et sa nouvelle (et très gentille) compagne, de retour de ses deux hectares et demi de vignes. Il nous confie que grand-mère, au-delà de son défaitisme apparent, de son moral affiché le plus maussade qui soit, ne rechigne pas à pratiquer à nouveau la marche avec son déambulateur dans la maison de retraite, ou au bras de quelqu’un de confiance pour venir jusqu’à la maison. Lui qui la « pratique » tous les quinze jours sait faire le tri entre les humeurs pour la galerie et les potentialités réelles.
Semble bien aller le Paul, la tignasse grise et la répartie toujours joyeuse : il prendra probablement sa retraite en fin d’année, puisqu’il fait du rab, en ce moment.
Plus triste, j’ai appris dimanche le décès de Jean-François Revel, ce penseur affûté, irréductible à une chapelle, esprit libre conduit à contre-courant du bien pensé ambiant. J’ai appris, lors de sa nécrologie sur TF1, qu’il avait été plutôt à gauche dans ses débuts intellectuels, se retrouvant même au côté de François Mitterrand à une période de sa vie.
Dans mon Panthéon en verve, galerie de personnages appréciés réunis par des extraits de mon Journal dans le blog LD pamphlétaire, je les avais liés par leur fine intelligence, au-delà de leurs divergences idéologiques. Finalement, leurs parcours se sont croisés pour un partage à durée limitée certes, mais dense pour le contenu : de droite à gauche pour le Fanfan, de gauche à droite pour le feu Revel.
Le soir. Première pleine journée presque achevée : l’Hérault sous quelques angles pour ma BB : la manufacture royale de Villeneuvette, un petit parcours sur route forestière le long du lac artificiel Le Salagou (pays de la terre rouge) et passage au village ruiné de Celles, site découvert avec la Néerlandaise (que j’ai récemment supprimée de mes contacts Internet, lassée, semble-t-il, de recevoir la promo de mes blogs…). Depuis, des grillages entourent les demeures figées dans l’abandon, pour parer aux pillages, saccages et tagages des lieux. En brochettes, les abrutis !
En fin d’après-midi, petit moment au jardin avec grand-mère pour la faire voyager à travers nos photos, notamment du séjour en Touraine.
Dans la banlieue parisienne, l’ambiance est à la baston sanglante entre bandes. Voilà une méthode radicale pour diminuer la surdose de racailles dans ces nids sordides. On devrait organiser quelques jeux meurtriers avec les raclures des cités pour qu’ils se neutralisent sans recours à la force publique.
Lu, dans Le Monde 2, la révolution que préparerait la maîtrise des nanotechnologies, peut-être encore plus conséquente que l’a été l’informatique. Comme toujours, impressions ambivalentes sur les apports possibles : des progrès fabuleux en matière médicale ou technique, jusqu’aux dérives d’une amélioration de l’espèce humaine par ce biais. Hantise pour les humanistes traditionnels, chance pour les scientistes : à observer l’humanité telle qu’elle est, peut-être qu’un coup de pouce à son évolution redonnerait quelque espoir à une amélioration de son fond.
Je retourne dans La méprise de Florence Aubenas qui dresse à brut l’historique de l’affaire d’Outreau dans ses fantasmagories entretenues, dans cette médiocrité sordide, avilissante des lieux et des protagonistes premiers, ceux qui s’avèreront effectivement coupables : les Badaoui, Delay, Grenon et Delplanque, et comment les déversements verbaux de quelques enfants ont fait basculer la vie d’innocents. Edifiant sur la nature humaine si vile et méprisable.
On nous bassine avec le regard sévère, blasé du peuple sur les gouvernants au sens large, l’élite… mais on ne souligne pas assez, notamment dans les mass médias (et pour cause !) combien des franges conséquentes du peuple sont méprisables, à vomir : ces supporters hurlants, bavants, prêts à frapper l’autre pour dominer, ces voisins de cité se gargarisant des rumeurs et en rajoutant pour charger les présumés innocents, etc.

Mercredi 3 mai
Le de Villiers, sur France Inter, a lesté son message, logique ma foi, et trouvant l’écho non avoué chez nombre d’autochtones. Pas du tout inspiré ce matin.
Je viens d’avoir Cécile : nous devrions parvenir à nous voir le 8 mai, qu’elle vienne à Paris ou que je la rejoigne dans son logis.
Renoncement à la plage de Marseillan, ce jour, préférence pour le farniente au jardin pour ma BB et la faux-bronzette pour moi, avec pour objectif d’éliminer le maximum d’herbes folles. Deux heures partagées, en fin d’après-midi, avec grand-mère dans ce lieu apaisant. Toujours un moral en demi teinte : elle affirme son improbable survie l’année prochaine. Seule pirouette : accentuer l’effet dramatique avec humour pour le dégonfler.
De Villepin semble avoir choisi l’accroche au pouvoir par quelques contre attaques, notamment contre son ancien camarade de promo énarque, le secrétaire général du PS. Tenir jusqu’en juin, jusqu’à l’événement sportivo-grégaire qui sonnera l’amnésie collective, suivi des vacances d’été. La rentrée 2006 marquera le début d’une campagne présidentielle que le Premier ministre a peu de chance d’animer, mais une parcelle d’espoir subsiste, alors que démissionnaire le néant politique s’imposerait à lui.

Jeudi 4 mai
Dernier jour du séjour à Fontès, demain matin tôt retour à Lyon pour que je donne mon avant-dernier cours à Forpro en culture générale. Séance simplifiée à l’extrême pour moi : test d’une heure et demie, puis diffusion du Faites entrer l’accusé sur l’assassinat du juge Renaud à Lyon.
Programme du jour : escapade à la grotte des Clamouses puis déambulation à Saint-Guilhem le désert. Ciel floconneux sur Fontès, mais je maintiens le port du short blanc pour ce dernier jour.
Vendredi soir, invités (avec sans doute d’autres amis) chez Bonny et Eddy dans leur nouvelle demeure, avec jardin, à Villeurbanne. Et le lendemain, je pars vers Au. Du dense, cette semaine de vacances.
18h30. Nous venons de quitter ma grand-mère dans cette brève quotidienneté des fins d’après-midi partagées pour lui narrer nos émerveillements de la journée. Sortie dans la cour intérieure de la Providence, avant de la laisser à regret dans la salle à manger, j’essaie de la faire replonger dans quelques époques anciennes de son existence : son mariage antérieur avec son chef de bureau, sa rencontre avec grand-père dans un bus à Versailles, sa complicité avec sa sœur Denise, et quelques autres bribes éparses. Pas le temps ni la mémoire d’approfondir, mais une façon d’éclairer son regard d’une vivance régénérative. En passant devant la salle à manger des invalides, et en parvenant à celle de ceux qui ont encore leur tête, l'émotion que cet au revoir ne bascule vers des adieux. On ne peut se résoudre à l’inéluctable, même avec cette rallonge accordée par dame Nature. Je pressens ses yeux s’embuer lorsque nous la laissons dans son fauteuil roulant, face à ses convives de tablée. Notre retour se fera pour le week-end de Pentecôte, avec maman et Gilles. Nous essaierons alors de la convaincre de venir passer un bon moment au restaurant.
De Villepin lustre la coquille de bigorneau qu’il assume, bien accroché au rocher de Matignon. Les dates de ses dernières conférences de presse mensuelles coïncident avec d’éprouvantes épreuves à surmonter : abandon du CPE et, aujourd’hui, soupçon d’utilisation des services de renseignements pour servir ses ambitions présidentielles. Un chêne en roseau notre Ministre premier, avec sa mission en ligne de mire qui doit le conduire jusqu’au bout au-delà de toutes les attaques journalistiques et de tous les sondages. Saluons la persévérance du verbe, même si la cathédralesque action gouvernementale s’apparente davantage, les mois passants, à des pâtés de sable.

Samedi 6 mai
Le château en visée, Heïm non vu depuis deux ans et quelque, espérant un moment de densité affective, sans dérive cathartique. La période de défiance semble s’apaiser pour accepter à nouveau le partage intellectuel. Peu inspiré, dans ce TGV.
Belle et complice soirée avec Bonny et Eddy dans leur grand jardin attenant à leur magnifique demeure. Voilà un nouveau grand nid qui devrait laisser s’épanouir leur union repartie sous d’apparents bons auspices.
Le spectacle Soul Music Story pourrait prendre un essor en fin d’année auprès des gros comités d’entreprise de la région. Le 23 mai, une représentation gratuite aura lieu pour tous les invités de ces corps d’entreprise. Objectif de la structure Lydéric : obtenir le maximum de représentations auprès de salariés ravis de posséder un comité si généreux.
Le château se rapproche, décidément, sur cette ligne tant empruntée à l’époque tourmentée de ma prise de distance d’avec l’univers de Heïm.
Coldplay s’amorce sur le Cdivers et c’est à nouveau le frisson renouvelé grâce aux notes en tension lyrique d’In my place.

Dimanche 7 mai
Je relève quelques commentaires savoureux à l’éclairage du temps passé Dans l’intimité de personnages illustres – 1850-1950 :
Sur Louis Pasteur (en 1852) : « Ira loin disent ses protecteurs : en tout cas, il va à la messe, ce qui, chez les savants, est déjà une originalité. »
Sur Eiffel (en 1882) : « Médite, dit-on, de rebâtir la tour de Babel dans Paris ? Le canal eut été plus utile. »
Sur Grévin (en 1887, sur le musée qu’il vient d’ouvrir) : « (…) cette vie immobile et fardée est pire que la mort. Les criminels célèbres y sont plus sinistres que nature. A interdire aux enfants. »
Sur de Vigny : « Lamartine était plus mélodieux, Hugo plus éclatant, Musset plus spirituel. Vigny n’avait pour lui que sa fierté et cette dignité hautaine que l’on retrouve dans toute son œuvre. »

Lundi 8 mai
Ci-dessus, quelques citations à l’arrachée extraites de ces albums extraordinaires récupérés par Heïm chez les parents de Vanessa. Une plongée dans les portraits au daguerréotype accompagnés d’une notice manuscrite sur les données jugées essentielles (parfois mêlées à de savoureux commentaires comme ceux notés) des personnalités choisies.
Au fil d’un parcours rapide, hier soir avant l’endormissement, je retrouve des figures littéraires, accointances ou contemporaines de Léautaud et dont j’ignorais les traits, pour les moins renommés. Les Figuéras, Capus, Descaves… inconnus du commun des mortels, me reviennent avec toute l’atmosphère littéraire de la première moitié du vingtième croquée par le diariste. Voilà un univers attachant, pourtant si loin de mon existence, et qui fleure bon le papier épais du Mercure de France.
Bon séjour au château d’Au, dans la gentillesse affective et sans débordement. Panorama d’une actualité chargée en destinées de ceux que j’ai côtoyés ou croisés. Quelques morts au village dont la plus tragique : celle du frère de la petite S décédé d’un cancer foudroyant. Heïm me raconte que le transport du cercueil a été effectué exclusivement par des enfants dans ses âges, et ce à travers tout le village. Moment poignant.
Y, la plus adorable des trois, est devenue «monstrueuse» : grosse et revendicative. Quelle transmutation. Je l’avais croisée lors de mon dernier passage et des rondeurs disgracieuses l’avaient déjà déformée. Une telle transformation de l’apparence et de la mentalité vous ferait renoncer à tout essai de compréhension (et d’appréhension) d’une quelconque cohérence humaine.
Le château et le parc s’embellissent, les années passants, par les efforts financiers de Heïm : de la salle à manger jouxtant le grand salon enfin achevé, à la salle en murs de bois (ex salle à manger) transformée en salon de lecture style Louis XV.
Le parc aussi se pare de coins enchanteurs comme l’ancien enclos des chiens désormais soigné avec goût autour de la pièce d’eau d’Onf.
Déception atténuée ce lundi : pas vu Cécile qui a annulé bien tardivement (et curieusement, sous des prétextes suspects d’anniversaires familiaux qui ne pouvaient se prévoir !) notre entrevue programmée depuis plusieurs semaines. De là à soupçonner de clandestines pressions de son mari… Voilà le désagrément des amitiés cultivées (ou que je souhaiterais réactiver) avec la gente féminine : tôt ou tard, en embuscade ou en vigie à l’affût, un sieur prêt à l’éradication du lien. Finalement, très heureux de revoir Sonia qui, malgré ses problèmes récurrents, semblent mieux se porter. Croisé à cette occasion son père dans une belle forme de septuagénaire naissant et à l’accent italien agréable, et l’une de ses sœurs à l’abord froid.
Retour comme je les apprécie dans le TGV 6665, dans un carré avec trois jeunes co-voyageuses. En face, endormie, une demoiselle rousse aux formes généreuses, un petit haut vert laissant percevoir la naissance d’épaules charnues. A ses côtés, la silhouette longiligne d’une jeune femme au regard doux et humide, un petit haut estival couvert d’une veste en cuir marron, laissant deviner une menue poitrine ferme. A mes côtés, une brunette asiatique qui semble ne pas comprendre le français, à la lèvre supérieure épaisse qui dépasse légèrement l’inférieure, ce qui, dans un visage aux mimiques craintives, accentue la note d’innocence coquine. Voilà le petit exercice descriptif pour accompagner le paysage qui défile.

Dimanche 14 mai
Un peu de polémique dans Arrêt sur images (Arte) : Karl Zéro, visiblement dépité et remonté, vient défendre sa décennie (ou ses quinze ans, j’ai un doute) d’émissions. Pas de connivences avec les politiques, même s’il fait intervenir, l’année dernière, trois poids lourds du secteur (Fabius, Strauss Khan et surtout Sarkozy) pour soutenir Le vrai journal déjà menacé d’arrêt. Depuis deux ans, il confie devoir subir les fourches de la censure par la nouvelle direction de Canal + pleine d’aspiration pour le ripolinage sans vague.
Dans l’affaire Allègre (la mise en cause, par de sordides accusations, de Dominique Baudis, président du CSA) il reconnaît l’erreur d’avoir lu le courrier du tueur en série qui lui est adressé, et il révèle avoir payé quinze mille euros l’une des principales accusatrices pour qu’elle lui réserve son témoignage.
Pour défendre ses dérives professionnelles, il se retranche derrière les fameuses, et un peu enfantines, rengaines : je le fais, mais les autres ne font pas mieux ; je l’ai fait, mais le chef ne me l’a pas interdit ; si je ne l’avais pas fait, un autre l’aurait fait… Sur la défensive le Karlo : le pitre irrévérencieux s’est transmué en revendicateur aux abois. Finalement, les coulisses ont toujours plus d’intérêt que la scène affichée.

Mercredi 17 mai
Petit passage matinal au parc Tête d’or. Venus s’asseoir dans le « U » de bancs face au lac où je suis installé, une dizaine de jeunes Allemands en vadrouille. Joyeux, blagueurs dans la langue de Goethe, je peux deviner la teneur globale des propos par la tonalité vocale, les mimiques et ce que je peux supposer des centres d’intérêt de leur âge. Parmi eux, une jeune fille au comportement plus mature et possédant déjà tous les attributs et la gestuelle de la féminité. Très troublant.

Samedi 27 mai, 1h15 du mat.
Après quelques délires sur Msn, retour aux plus introspectifs petits carreaux du Clairefontaine.
Ce soir, à C dans l’air, brochette de scientifiques passionnés qui nous laissent entrevoir quelques fascinantes théories sur le fonctionnement de l’univers. La plus hardie, celle des cordes, retient un Tout à onze dimensions qui permettent la superposition de plusieurs infinis (oxymoron !) dont la plupart nous sont inaccessibles.

Dimanche 28 mai, 23h
Lourde chaleur pour cette fin de long week-end passé comme un éphémère. Semaine à venir plus aux normes après les légères de ce dernier mois et, vendredi après-midi, départ pour Fontès où nous retrouverons maman et Jean pour un séjour festif.
Quelle magnifique entente (re)trouvée depuis quelques années (et surtout depuis que je suis avec ma BB) avec mes parents et leur moitié respective. J’ai tellement été en réserve sur ce sujet, pendant la plus grande partie de mon existence, que je me réjouis de pouvoir consigner ici la qualité des liens qui m’unissent à eux. Ce départ pour Lyon aura eu l’effet bénéfique d’un rapprochement dans le cœur.
Dois-je m’entêter à hurler avec les féroces sur cette fin rance de quinquennat ? Pourquoi chaque époque cultive-t-elle un alarmisme sur sa propre déchéance clamée ? Finalement, tout ce jeu médiatique autour de telle ou telle affaire montée en épingle a-t-il une quelconque utilité pour changer les tares immémoriales de notre civilisation, ou n’est-ce que les agitations guignolesques d’un théâtre d’ombres, ni plus ni moins respectables que toutes celles qui les ont précédées.
Le panurgisme de presse n’étonne pas, mais doit se concilier avec la relativisation que permet une mise à distance de l’actualité.
La dernière année de la présidence Chirac peut s’aligner à côté des ambiances d’autres fins de mandat comme le de Gaulle d’après mai 68, jugé comme dépassé par une part croissante (et ingrate) de la population ; le VGE ayant perdu tout élan dynamique face au souffle rose ; le Mitterrand affaibli, au bord d’inaugurer les chrysanthèmes tout en devant affronter les mille et un secrets livrés à la presse fouineuse. Apocalyptique tableau dans lequel s’intègre, sans effort, le Chirac du jour.

Mercredi 31 mai, 23h58
Je m’arrache au Couple dans la guerre des attachants About et Nakad pour confier un nouveau sujet d’indignation.
Vingt ans après, les médias télévisuels rediffusent les ahurissantes déclarations du professeur-escroc Pellerin. Avec ses cartes truquées, ses airs offusqués tellement les questions des journalistes lui semblent hors de propos, il a contribué à légitimer un crime d’Etat (de plus). Aucun danger pour nous suite à l’explosion de Tchernobyl, nous serinait-on ; les seuls qui risquaient étaient ceux enfermés dans la centrale elle-même. Les plus grosses ficelles sont les plus faciles à faire passer.

Dimanche 3 juin

La voie "Royal"
Depuis Fontès me reviennent par la presse et les ondes radio le tintamarre alambiqué autour des déclarations de la séduisante Royal. Le Strauss-Kahn s’ébouriffe, le Lang tergiverse, l’Aubry s’étrangle, le Fabius sermonne et même le Hollande, son légitime de mari, se voit contraint de reléguer les idées de sa Ségolène sur l’étagère des infréquentables. A l’inverse, quelques voix s’ébrouent pour approuver la fin d’une démarche hypocrite et suicidaire dans le traitement de la délinquance juvénile : des députés, des maires du 9-3 et le toujours alerte Chevènement.
Voilà enfin un véritable schisme dans la gauche : entre les indécrottables adeptes de la prévention à œillères, celle qui excuse a priori toutes les formes de sauvagerie, voire de barbarie, des jeunes terreurs de cité ; et les autres, minoritaires, qui prennent conscience de la vanité des bons sentiments à l’égard des saloperies malfaisantes. Le « tendez-la-joue » de gauche pour résoudre les dérives d’une infime partie de la jeunesse, mais part polluante majeure des quartiers sous leur coupe, a fait son temps. L’exégèse socio-psychanalytique des causes ne doit plus parasiter l’action efficace pour rétablir dans ces zones l’ordre public tant réclamé par les populations locales.
La gangrène n’est évidemment pas nouvelle, et beaucoup d’entre nous peuvent évoquer la présence terrorisante d’une bande dans un immeuble, un quartier, une école. Ma scolarité s’est faite, en partie, sous l’atmosphère tolérante des socialistes au pouvoir. Ainsi, de 1983 à 1985, le C.E.S. de Conflans-Sainte-Honorine (ville administrée par Michel Rocard), pourtant bien plus calme que celui d’Éragny-sur-Oise où je résidais, accueillait un trio de branleurs à qui l’encadrement militaire aurait profité grandement, m’évitant ces nombreuse récréations gâchées jusqu’au jour où l’un d’eux, venu me titiller en solitaire, sûr de sa toute puissance, s’est chopé mon pied au cul avant de prendre les siens à son cou. De ce jour, après quelques stériles menaces de représailles du trio de morveux, j’ai intégré la salubrité de la répression personnelle, et jamais plus personne n’est venu me chercher des noises. Sans doute que l’encadrement socialisant du collège avait une approche compatissante de ces pauvres merdeux délaissés ou martyrisés dès leur jeune âge.
Pour épargner ces ratés familiaux, il faudrait tolérer l’empuantissement des lieux publics ? Quelle négation des fondements mêmes de la vie en collectivité. Point de contrat social chez les extrémistes de la tolérance ciblée comme les sbires de Lutte ouvrière, mais un culte du diktat des échoués. On comprend la haine que ces enfarinés du Grand Soir peuvent porter à l’irrévérencieuse Ségolène Royal.
Feu de paille ou vraie naissance d’une conscience à gauche que les méchants ne se focalisent pas que chez les possédants ? A observer le cirque des indignés de la Rose, on peut douter de l’émergence durable d’une approche lucide de ce fléau social chez les héritiers des potes de Tonton.

Samedi 10 juin
De l’estival qui baigne le parc, je laisse mon esprit vagabonder de la lecture d’articles à l’observation d’une roseraie rayonnante et de passants heureux de tels feux du ciel.
L’Irak a perdu son boucher sanguinaire Zarkaoui, l’une des têtes innombrables (mais sans aucun doute la plus hideuse) du terrorisme islamiste. Tout comme son maréchal Ben Laden, il a épuisé sa jeunesse dans tous les vices occidentaux qu’il a fustigés par la suite. Des opportunistes du Djihad qui ont très bien su jouer de la puissance des moyens modernes de communication.
Petite coquetterie non négligeable dans les carnages revendiqués par Abou Moussab : la haine déchaînée contre les chiites qu’il souhaitait trucider dans une apothéose de guerre civile généralisée. Finalement, la vraie terreur du terrorisme islamiste, depuis le onze septembre, dans son déchaînement fréquent, ou quotidien comme en Irak, s’est focalisée sur des pays musulmans et non dans les contrées occidentales. L’évidente facilité pour déployer cette violence aveugle dans ces zones déstabilisées et imbibées par l’esprit salafiste ne doit pas leurrer. Dans l’ombre, quelques gros coups se préparent contre les Occidentaux.

Jeudi 15 juin
Alors que l’acariâtre Bedos traîne quelque part encore ses grisâtres coups de gueule, le jubilatoire et aérien Devos vient de laisser s’envoler son âme. Mes jeunes années s’embrouillaient parfois pour accoler le bon visage à ces paronymes approximatifs, mais sitôt le timbre de voix entendu, j’identifiais l’univers du clown à bons mots ou de la teigne aux formules acérées.
Devos avait la gentillesse que ne peuvent plus se permettre d’afficher les cuvées ultérieures de comiques. Vu quelques images, dans Envoyé spécial, du castelet de ce spécialiste ès trituration de la langue, et qui songeait à en faire un musée post mortem. A voir cette douce masse appuyée sur une canne, on ne peut que verser une larme en l’imaginant aux cieux trop sérieux.

Samedi 17 juin, 1h40 du mat.
Ma BB en sortie, pour une fois ! avec ses collègues de travail vers Saint-Priest. Moi, en vase clos, de la toile du net au matelas du lit. Poursuite de la mise en ligne de mes écrits : côté poésies, bientôt achevé le transfert. A relire ces vers torturés et parfois bien lancés, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec l'indigence extrême de l’expression des stagiaires du centre Cqfd. Combien mes univers sont à des infinis des leurs, limités par leur infériorité langagière. Pour la formation et l’expression de leurs pensées, ils ont recours à une parcelle dérisoire du possible de notre langue.
A toute allure les semaines chargées pour ne pas les sentir trop prégnantes. La réalité : un formidable désintérêt de ma part pour les publics que l’on reçoit.

Dimanche 25 juin, 23h05
Une semaine encore bien remplie des face-à-face pédagogiques qui n’enthousiasment pas. Les formations conventionnées par la région charrient quelques spécimens d’illettrés je m’en foutistes, tout juste bon à racler les chiottes. Imbus de leur vide sidéral, ils s’efforcent d’emmerder les quelques qui voudraient sortir de cette bourbe. De vrais parasites qui, s’ils ne ramenaient pas quelque blé via la région, devraient être immédiatement interdits de toute formation. Les laisser crever dans leur jus : voilà tout juste ce qu’on devrait leur accorder, et en silence siouplaît ! Ahh, ça défoule !
Mariage de Barbara et Jean-Luc, hier, suivi d’une très conviviale réunion dans la Drôme des collines.
Encore deux semaines chargées à bloc, suivies de deux autres plus détendues, avant les quinze jours de coupure totale.

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